L'énigme Ben Arfa

5 décembre 2008

Malgré un talent que nul ne peut lui contester, l’ancien Lyonnais tarde à confirmer tous les espoirs placés en lui. Pire encore, il s’est déjà rendu coupable a plusieurs reprises d’écarts de conduite.

«Un joueur capable de passer cinq hommes comme s’ils n’existaient pas, il n’y en a pas d’autres en France. Maintenant, il doit encore progresser, pour être capable de répéter de tels enchaînements ». Ces mots d’Erik Gerets datent du 31 juillet 2008 au sortir d’un entraînement animé par un but formidable, inscrit à la commanderie ce matin là par un certain Ben Arfa. Le souci c’est que l’ancien pensionnaire de Gerland ne réalise pas régulièrement ce type d’exploit. Et ce, en dépit de statistiques plutôt correctes pour un joueur de son profil (6 buts en 14 matches). Au regard de ces chiffres, son début de saison pourrait contenter les dirigeants de l’OM… Mais ces derniers attendaient certainement plus d’un tel talent qui de surcroît leur a coûté 14M€.

Et c’est bien là toute la problématique du cas Ben Arfa. Intenable contre Rennes en ligue1 ou Brann Bergen en ligue des champions, il peut être transparent contre Toulouse ou Liverpool. Choisit-il ses matches ? Est-il surcoté ? Au vu de ce qu’il a démontré et prouve encore, le numéro 18 phocéen est certes, encore une promesse de l’avenir, mais prend un retard considérable sur les joueurs de sa tranche d’âge à commencer par Karim Benzema. Et que dire du retard qu’il accumule sur Yoann Gourcuff et Franck Ribéry qui sont déjà les tauliers de l’équipe de France. Alors comment peut-on expliquer les absences répétées d’un joueur de valeur internationale et qui fait preuve d’un manque cruel de régularité ?

Zéro de conduite

Si on devait rédiger le bulletin footballistique d’Hatem Ben Arfa, nul doute qu’il obtiendrait la note maximale dans la matière « talent ». Avec en sus l’appréciation : « Elève doué, peut et doit mieux faire ». En revanche, le zéro de conduite serait de mise au vu de trois avatars dont il se serait bien passé. En effet, Ben Arfa ne saurait le contester, son caractère particulier lui a causé et lui cause encore aujourd’hui des soucis. La jeune carrière du natif de Clamart est jalonnée de conflits en tout genre. Pugilat à Tola-Vologe avec Sébastien Squillaci la saison passée, clash avec Modeste M’Bami durant l’échauffement du match contre Liverpool au Vélodrome et surtout fin de non recevoir asséné à l’ordre donné par son propre entraîneur. Tout simplement surréaliste.

Alors que ses coéquipiers éprouvaient les pires difficultés ce soir là contre un PSG en verve, Ben Arfa envoya purement et simplement Erik Gerets sur les roses quand ce dernier lui demanda d’aller s’échauffer… Le gaucher Marseillais s’est excusé le lendemain auprès de son entraîneur et de ses coéquipiers mais le mal était déjà fait. En plus, cet écueil prouve que l’ancien Lyonnais n’est pas encore mature. Et sans cette maturité, inutile d’entrevoir l’esquisse de réaliser une grande carrière que tout le talent possible ne serait garantir. Pire, si Ben Arfa ne change pas rapidement d’état d’esprit et ne met pas ses capacités au service du groupe, il gâcherait le grand avenir que tous les spécialistes s’accordent à lui prédestiner. Alors, c’est à lui de décider.

Christophe Caster