Le 10 sport VS Aujourd’hui sport,

Lundi 3 novembre deux nouveaux quotidiens sportifs majoritairement consacrés au football ont fait leur apparition dans les kiosques. Un événement lorsque l’on connaît la crise actuelle qui touche le secteur de la presse écrite. Décryptage d’un paradoxe sur fond de guerre économique.

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On ne s’attaque pas à un monopole aussi facilement. Lancé conjointement par Michel Moulin et le groupe NextRadioTV, Le 10 sport est en train de l’apprendre. Créé pour concurrencer L’Equipe, seul quotidien sportif français, ce tabloïd coloré va d’abord devoir marquer son territoire face à Aujourd’hui sport, sa copie conforme ou presque. Car du côté du groupe Amaury (L'Equipe, Le Parisien, France Football...), on n’a que moyennement apprécié cette menace soudaine. Sans concurrent depuis 1988 et la disparition du journal Le Sport (ndlr : lancé par Xavier Couture un an plus tôt…), L’Equipe tente donc de tuer dans l’œuf son rival potentiel en lui mettant un concurrent dans les pattes.

Le résultat ? Deux quotidiens low-costs bariolés à la maquette plutôt indigeste… Lundi pourtant, les deux nouveaux nés ne s’en tiraient pas si mal, avec un démarrage autour des 100 000 exemplaires vendus de part et d’autre. L’effet de curiosité sans doute, car seulement quatre jours plus tard les ventes sont déjà en baisse. « Si dans un mois on ne fait pas 100 000 ventes par jour on arrêtera » prévient déjà Michel Moulin. Marie-Odile Amaury déclarait pour sa part qu’Aujourd’hui Sport cesserait « sans doute » d’exister si son concurrent venait à lâcher prise. On l’aura compris : on n’empiéte pas sur les plates bande de L’Equipe en toute impunité…Une exception bien française, tant le pluralisme est de mise chez nos voisins européens. «La France (…) a le droit elle aussi, tout comme nos voisins Espagnols et Italiens, d'offrir aux lecteurs et aux passionnés de sport un nouveau journal » estime Michel Moulin. « Quand j'ai lancé Paru Vendu, on m'a dit que j'étais fou, ce n'est pas ça qui va m'arrêter! » rappelle t-il.

La tâche ne s’annonce en tout cas pas facile, d’autant que fin janvier 2009 un autre prétendant devrait prendre part à la bataille : le quotidien Le Foot, lancé par l'éditeur Robert Lafont. On dit pourtant qu’abondance de biens ne nuit pas, mais à force de réduire les coûts, on finit par faire du « journalisme low cost » pour un journal bien payant, lui. Certains laisseront inévitablement des plumes dans cette bataille aux parts de marché, mais si le perdant était finalement le lecteur…?

Julien Coudrot

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